Grenade ouverte
poèmes

Il est des expériences premières, foudroyantes, que lon
noublie jamais.
Ainsi, celle de mon enfance dans lAlgérie des années
50. Jétais enfant, de passage en Algérie, où
mon père traçait des routes dans le Sahara brûlant.
Et je découvrais dun coup le ciel de méditerranée,
la couleur dune terre, la beauté du monde et la hideuse violence
de la guerre. Longtemps, jai gardé secrète linterrogation
qui na cessé de mhabiter dès lenfance
: celle de linextricable proximité de la beauté et
de la haine. Il est des silences qui construisent, dautres qui ensevelissent.
Enfin, deux générations plus tard, les plus blessés
par cette guerre ont eu accès à la parole. Moi qui navais
été quun enfant témoin dune violence
inexplicable, je pouvais à mon tour dire la peur et la culpabilité
secrète qui habitent les enfants témoins de linconcevable
violence des adultes, lorsquelle est habillée dun mur
de silence.
Ce poème est aussi un chant damour à la méditerranée,
mère de peuples frères.
Christine Ray (dédicace au Maghreb des
livres, Paris 02.2005)
De que fasèm ?
Un regard militant sur la viticulture
Après un roman adressé à mes copains, une bande
dessinée destinée à mes petits-enfants et aux autres.
Avec de proches amis, De que fasèm ? ce veut être un témoignage
dune passion qui, dans lexcès, le talent, lanonymat
ou le désespoir, revèle lâme dun peuple
vigneron.
De lintimité à mon rôle public, jai voulu
témoigner que louverture est là, dans notre quotidien
et que chacun peut avoir la chance de sépanouir à
condition quil le décide et quil accepte de lautre
le regard du cur.
Jean Huillet
Le soleil de demain
Islam et laïcité au seuil des temps modernes

Travailleur social, il mest apparu utile de contribuer à
la prise de conscience des divers courants de lIslam de France et
ainsi susciter les conditions dune réflexion sur la notion
de compatibilité avec la laïcité, sinterroger
sur le C.F.C.M mis en place par le Ministre Sarkozy, sur les atermoiements
révélateurs de conceptions religieuses différentes.
Lidée première de ce livre est de contribuer à
faire connaître cet aspect de lIslam divers, dont lexistence
nest même pas soupçonnée et que la conjoncture
politique et culturelle converge à occulter. Les méconnaissances,
les préjugés, les conceptions fausses et les injustices
freinent presque tous les processus dévolution. Dans notre
société française tout porte à croire quon
demande aux musulmans pour être citoyen, dêtre moins
musulmans. Le propos dans ce livre « Le Soleil de Demain »
est de présenter les perspectives dintégration et
le rôle que pourrait jouer la laïcité dans la solution
des problèmes soulevés par lémergence dun
pluriculturalisme. Il sagit de forger un consensus, pas seulement
de légiférer contre le port du foulard, mais plus généralement
de mettre un terme à des revendications. Comment lIslam peut-il
affirmer sa légitimité spirituelle, prendre en compte la
foi des musulmans, tout en respectant les valeurs de la République
? Mes références à Averroès rappellent que
la pensée arabe a connu de lumineux sommets et que lintégrisme
né des frustrations subies tout au long du XXe siècle nest
pas un mal incurable.
Foudil Benabadji
Jardins et jardiniers du Midi
et en particulier ceux de Pézenas en Languedoc.
Pour ouvrir cet ouvrage, il faut, comme nous, aimer les légumes et les
fruits. Non pas ces produits standardisés, calibrés, conditionnés, qui
couvrent aujourd'hui nos éventaires, mais ces produits aux formes naturelles,
de couleur ombre et soleil, marqués par les saisons et le travail des
hommes.
Pour nous, le jardinage ne saurait se réduire à des techniques, que
l'on reproduit sans cesse dans les manuels d'horticulture. Il faut entrer
dans ces vieux jardins, clos de murs, où, du lever au coucher du soleil,
s'affairent hommes, femmes et enfants, dans le grincement des roues de
bois des anciens puits, entraînées par une mule tournant en rond du même
pas. A la veillée, en pelant les roseaux ou en préparant les corbeilles
du marché, on entendra les récits de Marie Jaurion, la vieille jardinière.
Son ouvrier, Janet, nous dira le temps qu'il fera le lendemain, et les
jours suivants, car il connaît tous les dictons et proverbes. Peut-être
aurez-vous envie d'éprouver quelque recette bien de chez nous, à partir
de légumes ou de fruits, comme le "ragoût d'escoubilles" ou
les prunes Reine-Claude à l'eau de vie ?
Petits-fils d'hommes de la terre, nous avons voulu rassembler dans cet
ouvrage toutes les richesses d'un patrimoine, qui dépasse singulièrement
le cadre d'une petite ville du Languedoc méditerranéen et l'aspect pratique
des choses, même s'il n'est pas négligé à travers trente planches de culture.
La culture des légumes et des fruits est plus qu'un savoir-faire. Elle
est un art de vivre. Puissions-nous réussir à vous le faire découvrir,
jusqu'à la dernière page.
Claude Alberge et Alain Baudière
La cité des tapis
On irait au bout du monde pour vivre une telle aventure, mais ça ne
marcherait pas puisque le bout du monde, au fond, ce n'est qu'un rêve.
Il faut être "rendu au sol", voilà l'histoire, Rimbaud l'a
dit. Ainsi, c'est dans ma propre ville que m'attendaient les Autres, les
vivants, les exilés du monde, chargés de vérités nouvelles, impulsifs
et rieurs, échoués en un lieu où, moi, j'étais seulement né.
Arrivés d'Algérie, ils étaient depuis trente-cinq ans. Pourquoi ne pas
nous être vus plus tôt ? Le mode de vie, sans doute. La langue, la religion,
tout ce qui rassemble une société, et tout ce qui la divise.
Aujourd'hui, l'horreur économique aidant, nous nous découvrons jetés
ensemble sous un même ciel troué d'étoiles, ou sur le même tapis de sentiments
humains. Curieux destin qui, un beau matin, lorsque vous ouvrez la porte,
vous fait rencontrer vos voisins, éclaboussants de réalité.
Bernard Derrieu
Théâtre d'Oc contemporain
ou les arts de jouer du Midi de la France
La mondialisation semble vouloir réduire l'activité artistique des peuples
culturels à un nombre de plus en plus réduit de formes et de normes. Pourtant,
à l'image de la nature, la vie tend à la diversification des créations.
Il convient de se pencher sur les moins répandues sans a priori ethnocentriste
et sans complaisance populiste pour voir à l'œuvre la source diversifiante
des inspirations populaires.
"Les arts de jouer du Midi de la France" témoignent d'un autre
théâtre. Sa non-médiatisation l'a peut-être isolé mais peut-être bien
préservé de certains mimétismes. A moins que sa spécificité ne soit un
"cadétisme" volontaire et alternatif, qui fait tribune d'une
autre langue pour tenir ferme sur d'autres valeurs.
Claude Alranq.
Une petite fille bien ennuyée
J'ai tant entendu de doutes, de quiproquos sur la réalité de
la maltraitance !
Un jour comme ça, m'est apparue la nécessité impérieuse de dire pour
que l'autorisation de parler se répande. Et l'expérience de ce livre me
conforte : il a sa fonction de prétexte à dire toute maladresse ou tout
acte grave pour que l'être s'érige plus fortement.
C'est l'idée de passer du particulier au général qui m'amène à proposer
ainsi une sollicitation à énoncer toutes les humiliations, les manques
de respect. Pour que, si possible, se renforce le niveau de conscience
de la responsabilité de chacun d'entre nous à être tout involontairement
une goutte qui fait gonfler le fleuve de l'intégrisme, du racisme, du
nazisme... et autres extrémismes criminels. Tous constituant une seule
dynamique toxique, une tentation permanente destructrice.
Ceci afin de participer à ma façon à la lutte pour les droits des humains,
contre toutes tortures... le droit à la liberté de conviction...
Et pour que chacun nous regardions chacun notre cœur, nos vies dans
ses risques de dérives, ses déjà dérapages si faciles malgré nous. Et
dans un effort soutenu nous surveiller pour respecter et nous faire respecter
: se laisser "victimiser" n'étant pas une solution, peut-être
même est-ce ouvrir une brèche aux tentations de nos proches, puis des
institutions... sociétés... nations.
Nadine Loïs Guibert.
Le grand non
Le Juge Chevallier qui exerça pendant vingt ans au tribunal de Béziers,
est subitement décédé en avril 2000 à la Guadeloupe, alors qu'il était
conseiller à la Cour d'appel de Basse-Terre. Fondateur et président de
l'Association Biterroise de Prévention dont la vocation est d'être présente
"là ou l'homme a besoin d'hommes pour devenir Homme", chrétien
convaincu, imprégné de saint François d'Assise et de Lanza del Vasto,
Yves Chevallier était en quête de la vraie justice, celle qui réconcilie,
qui répare, qui réunit".
"J'ai écrit Le grand non, disait-il, pour laisser une trace des leçons
de ma vie et pour convaincre que chacun à sa mesure peut contribuer à
rendre ce monde plus juste".
photo J.-C. Martinez
Petit journal lusitan
Jean-Pierre Péroncel-Hugoz
" J'ai tenu à publier ce "Petit journal lusitan" chez
Domens, sous l'égide d'Edmond Charlot, l'un des inventeurs, jadis et naguère
en Alger, avec Albert Camus et une poignée d'autres, de la notion moderne
de "civilisation méditerranéenne", née du choc toujours recommencé
de la latinité et de l'islamité.
Je me sens d'autant plus à l'aise dans la collection "Méditerranée
vivante" que m'y ont précédé plusieurs amis nord-africains : Jean
Sénac , Jules Roy, Jean de Maisonseul, Manuelle Roche.
Certes, la collection de Charlot s'intitule "Méditerranée vivante"
et Portugal, Macaronésie et Brésil sont, géographiquement, atlantiques,
mais leur esprit, leur cœur, leurs mœurs sont méditerranéens. Le compositeur
judéo-aquisextain, Darius Milhaud, ne disait-il pas que "la Provence
s'étend du Liban au Brésil " ?
J-P Péroncel-Hugoz*
* Journaliste au " Monde " depuis 1969, Jean-Pierre Péroncel-Hugoz
en a été le correspondant en Algérie, puis en Égypte, ensuite reporter,
envoyé spécial dans plus de 80 pays ; comme éditeur, il a publié, sur
les peuples du Sud, 50 titres en France et au Maroc, où il a créé la "
Bibliothèque arabo-berbère ".
Des portes à ouvrir
Philippe Derckel
"
Faut-il aimer pour photographier ou photographier pour aimer ?
A cette question qui m'avait été posée voilà quelques années, ma réponse
avait été directe : impérativement l'un et l'autre.
Parce que j'aime les objets qui transpirent une évidente recherche de
beauté, j'ai eu le "coup de foudre" pour ces heurtoirs que proposent
encore les portes des maisons du Languedoc où j'ai, depuis peu, jeté l'ancre.
Photographier pour faire aimer... L'idée d'un recueil qui livrerait mon
enthousiasme et peut-être le ferait partager s'est très vite imposé. N'ayant
point le goût pour une recherche techno-sociologique qui me conduirait
de bibliothèques en musées afin de parfaire mes connaissances sur l'historique
du marteau de porte, j'ai accompagné mes photographies d'un texte symbolique
à expression poétique : l'ouverture de nos portes intérieures voisinant
avec celle de nos maisons.
Les éditions Domens de Pézenas ont donné une vie à mon projet ; ainsi,
en une centaine de pages est offerte et la mémoire d'un fragment de patrimoine
et la possibilité du partage d'un élan de vie. "
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